Je m’appelle Vanessa Richard et je suis Spécialiste en shiatsu, membre du Syndicat des Professionnels de Shiatsu et instructrice de méditation.
Dans une précédente vie, j’ai été Docteur en droit international et, pendant treize ans, Chercheuse au CNRS. Malgré une carrière réussie, l’opportunité de voyager dans le monde entier pour intervenir dans des conférences, l’obtention d’un financement prestigieux, la reconnaissance de mes pairs et la sécurité de l’emploi, je ne me sentais pas à ma place.
J’ai commencé à pratiquer la méditation et à suivre les enseignements du bouddhisme tibétain en 2013 et, de fil en aiguille, je suis devenue directrice de mon centre de méditation (Centre Shambhala de Marseille, association loi 1901, de 2017 à 2019) et, en 2018, instructrice de méditation. Cette expérience m’a fait prendre conscience, d’une part, du fait que le travail énergétique est un domaine où je me sens à ma place, utile et nourrie par mon activité et, d’autre part, que j’avais besoin de travailler avec les gens au lieu de me contenter de les étudier. Le décalage entre ma vie professionnelle et les domaines où je m’épanouissais est devenu si grand qu’il a fini par devenir intenable. Burnout. La psychothérapie, la pratique de la méditation et les enseignements bouddhistes dont j’ai bénéficié m’ont progressivement aidée à devenir moi-même, à regarder au-delà des tonnes de croyances et de peurs que j’avais sur moi-même et la vie. Et une fois revenue à moi, c’est le shiatsu qui est venu.
Shiatsu et méditation ont de très nombreux points communs : la confiance placée dans les capacités d’auto-guérison du receveur du shiatsu correspond à la confiance de ce que les méditants ont déjà l’esprit d’éveil, que l’instructeur de méditation cultive. Nous ne sommes là que pour donner l’espace nécessaire aux méditants pour qu’ils trouvent et explorent leur propre sagesse, pas pour leur donner des conseils. Il me semble que la même approche prévaut dans le shiatsu, selon laquelle le savoir n’est là que pour nourrir l’humilité du praticien. Également, l’approche selon laquelle toute personne, dans tout ce qu’elle est, est précieuse et mérite d’être traitée avec considération. Que, comme disent les enseignements traditionnels sur la boddhicitta (« cœur éveillé » en sanskrit), c’est en « abandonnant tout espoir de fruit » que l’on se met véritablement au service de la situation, au lieu d’essayer d’être le sachant-qui-sait ou le guérissant-qui-guérit.
Joindre le Ciel et la Terre
Les traditions bouddhistes comme taoïstes, entre autres, disent que les êtres humains sont le trait d’union entre la Terre et le Ciel.
Avec des « mains qui savent », j’aurais pu me diriger vers une pratique de massage où l’aspect Terre, artisan, est très fort, mais je ne me sentais pas satisfaite à n’aller que vers la sensation, le ressenti, le toucher. Le shiatsu allie cet aspect Terre avec l’aspect Ciel, les qualités d’observation et d’exploration de sa propre expérience, de l’art en plus de l’artisanat. L’acquisition du savoir (qui est sans fin) en énergétique orientale va alimenter la façon dont on va entrer en relation avec un autre être humain, qui ne peut se faire vraiment qu’avec son cœur.
De la même manière, la méditation, posée sur la Terre, colonne érigée vers le Ciel, a pour effet de ressentir que l’espace en nous, et autour de nous, est plus vaste que ce qu’on en perçoit habituellement et d’entrer en résonance subtile avec lui. Méditer, c’est cultiver l’art d’être humain.
Pourquoi « Les mains justes » ?
Voilà une excellente question et je me remercie de me l’avoir posée !
Les mains, bon…
« Justes » fait référence à « l’action juste » de l’octuple sentier sur lequel, selon le bouddhisme, les êtres humains cheminent vers l’éveil : la vision juste, la pensée (ou l’intention, le sentiment) juste, la parole juste, l’action juste, les moyens d’existence justes, l’effort juste, l’attention (ou la conscience) juste, le samadhi (présence, synchronisation, ancrage, réalisation de l’éveil) juste.
Ici, juste n’est pas opposé à injuste ou mauvais. Juste renvoie à l’idée d’être parfaitement en adéquation avec la situation dans l’instant, dans le sens de l’éveil. C’est l’action qui ne crée pas de souffrance pour soi-même ou les autres, l’action qui lâche prise, qui ne s’agrippe ni à la peur, ni au résultat convoité, l’action qui se nourrit des qualités de vision, de sentiment, de parole, de moyens d’existence, d’effort, d’attention justes.
C’est aussi un clin d’œil aux expressions « avoir la main légère » ou « lourde » et renvoie à l’idée de savoir doser d’instinct son action.