Une grande partie de mes client·e·s sont des personnes hypersensibles. Elles en ont le plus souvent conscience et le disent, parfois avec une touche de honte ou un sentiment d’illégitimité à se proclamer telles. Dans le monde du travail en particulier, leur hypersensibilité peine à s’exprimer et à être reconnue comme un atout, elle est vécue comme handicapante.

C’est sûrement parce qu’elle y est vue comme telle.

Heureusement, des techniques comme le shiatsu, la méditation, la respiration consciente permettent d’apprivoiser l’hypersensibilité et d’accéder à notre capacité à être un·e ultrasensible aux réactions saines. Je vous raconte ?

Hypersensibilité : de quoi parle-t-on ?

Les personnes qui se définissent comme hypersensibles parlent le plus souvent d’une hyper-réactivité. L’hypersensibilité aux stimuli stricto sensu, c’est l’hypothèse où vous possédez une perception sensorielle nettement plus fine que la normale. On sera d’accord qu’avoir une vue bionique ne fait pas de vous un hypersensible. Seulement voilà, la perception sensorielle pure est une expérience à laquelle nous, êtres humains, avons très peu accès. Ce que nous appelons nos sens, ce sont nos perceptions sensorielles pures telles que décodées par notre cerveau en une minuscule fraction de seconde. Ajoutez une minuscule fraction de seconde et cette perception sensorielle pure aura fait naître un classement « j’aime / j’aime pas / pas intéressant » et fait fleurir tout un réseau de souvenirs et d’émotions. C’est dans tout ce fourbi mental que l’hypersensibilité commence à se jouer.

Beaucoup d’hypersensibles (et de surdoué·es) ont le cerveau surchargé par un machin qui s’appelle le « déficit d’inhibition latente ».

L’inhibition latente est un mécanisme automatique du cerveau qui trie les stimuli utiles de ceux qui ne le sont pas. Il permet de ne pas accorder d’attention à des stimuli très familiers ou qui ne nous sont pas utiles dans une situation donnée. C’est très pratique au cinéma, puisque cela permet de bien entendre les dialogues et de suivre l’intrigue malgré le voisin qui mâchonne son pop-corn ou la petite devant qui n’arrête pas de gigoter.

Oui mais voilà, chez certaines personnes ce mécanisme ne fonctionne pas aussi efficacement que prévu (le déficit, donc). Beaucoup plus de stimuli sont enregistrés et restent au premier plan du mental. Résultat : malgré le fait que vous écoutez vraiment votre collègue qui vous fait part d’un problème qu’il rencontre, votre attention est au même niveau attirée par une conversation dans un bureau voisin, un nuage qui a une forme rigolote, l’effluve de tabac qui entre par la fenêtre. Autrement dit, une personne qui a un déficit d’inhibition latente ne perçoit pas plus de choses qu’une autre du point de vue perception pure, mais comme son cerveau n’écarte pas illico tout ce qui ne lui paraît pas digne d’intérêt, elle perçoit consciemment beaucoup plus de choses chez ses interlocuteurs et dans son environnement. On dit que certaines personnes ont des antennes… Dans les environnements de vie collective, il y a de quoi saturer.

Deuxième round : la réaction émotionnelle. Elle est normale. Je répète : elle. est. normale. Elle est peut-être plus rapide et plus intense que celle de Martine du service compta, mais elle n’est en aucune façon une anomalie. Les émotions, c’est la vie. Littéralement. Emovere = ce qui nous meut. De même que tous les corps sont différents et qu’il n’y a aucune raison qu’ils soient tous bâtis sur le même modèle, chaque psychisme est unique. Mes réactions ne me plaisent peut-être pas, elles sont peut-être très désagréables, je ne sais peut-être pas trop quoi en faire, mais elles ne sont en aucune façon bizarres ou mauvaises. Elles me signalent que mes besoins sont satisfaits ou insatisfaits, qu’une limite à laquelle je tiens a été franchie, que je suis frustré·es… Je n’ai aucun contrôle sur mes émotions. Je peux en revanche apprendre à les reconnaître, les accueillir telles qu’elles sont, et y apporter si nécessaire des réponses saines plutôt qu’être en réaction permanente. C’est vrai, c’est pénible de percevoir des choses et de ne pas pouvoir les partager avec son entourage de peur qu’on lève les yeux aux ciel. C’est pénible de ne pas se sentir compris·e ou que des personnes ayant moins d’antennes mettent en doute notre perception d’une situation. Apprendre à ne pas attendre la validation des autres, à ne pas douter de soi pour autant (ne pas douter de soi inclut l’acceptation que, antennes ou pas, je peux aussi me tromper), c’est un travail de longue haleine.

Troisième round : l’hyper-réactivité. Une personne hypersensible compute et interprète les stimuli reçus de façon frénétique. Le mental ne s’arrête que difficilement, il cherche à faire sens de toutes les informations rencontrées. Couplé à une connaissance insuffisante de sa propre vie émotionnelle, à des modes de communication qui ne sont pas sains ou à une difficulté à identifier ses propres besoins et à en prendre la responsabilité, le cocktail peut devenir hautement explosif. Le ton de ma collègue quand elle m’a fait remarquer que je ne lui avais pas envoyé le document demandé me semble trop sec et c’est la catastrophe. Ce n’est pas tant l’hypersensibilité ici qui est en cause, mais selon les cas une peur du regard de l’autre, une difficulté à distinguer les besoins et les émotions qui vous appartiennent et les besoins et les émotions des autres (qui leur appartiennent), un mauvais apprentissage des limites saines etc. L’hypersensibilité dans ce cas ne fait qu’ajouter matière à interpréter et à s’en rajouter une couche.

 

Alors qu’est-ce qu’on fait ? On active le nerf vague et on apprend à se connaître

Le shiatsu comme la méditation et la respiration consciente sont de merveilleux moyens d’activer le nerf vague. Également appelé parasympathique, cette branche du système nerveux autonome régule nos fonctions automatiques de repos et de réparation. Son activation fait baisser la fréquence cardiaque et la tension artérielle, favorise la digestion et l’élimination des déchets ainsi que la vasodilatation.

Le shiatsu : le rythme et le trajet des pressions va permettre l’apaisement du système nerveux, le rééquilibrage des dysfonctionnements hormonaux (baisse du taux de cortisol et augmentation des hormones du bien-être), la réduction des tensions musculaires liées au stress, l’harmonisation des problèmes de sommeil…

La méditation : s’asseoir et ne rien faire, juste observer sa propre expérience, c’est tout un programme ! Pratique incontournable pour qui veut mieux se connaître, elle permet d’activer le nerf vague, de reprendre le contact avec son corps et ses tensions, d’explorer en douceur les émotions qui nous animent et nos pensées répétitives. Pour les personnes qui souffrent de leur hyper-réactivité, c’est une bouée de sauvetage.

La respiration consciente : que l’on parle de cohérence cardiaque ou d’autres techniques (respiration carrée, etc.), la respiration est le seul accès conscient que nous ayons à notre système nerveux autonome. La science ne sait pas vraiment pourquoi nous avons développé cette capacité à influer sur le rythme de notre respiration mais le fait demeure. En respirant de certaines façons, nous avons la possibilité de synchroniser le mental, le cœur et le corps. Précieux pour se détendre et cesser toutes les histoires stériles que nous nous racontons en boucle et qui nous font souffrir.

Ça vous parle ? Vous avez envie d’en bénéficier en cabinet, dans votre entreprise, votre collectivité, votre institution ? N’hésitez pas à me contacter, nous verrons ensemble en quoi je peux vous être utile !

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